Né en 1893 à Barcelone, Joan Miró i Ferrà est considéré comme l’un des pionniers du mouvement surréaliste.
Ses créations, reconnaissables entre toutes, sont souvent qualifiées d’enfantines, d’allègres voire d’excentriques. Mais elles correspondent avant tout à une vision révolutionnaire du monde.
Issu d’une famille d’artisans (sa mère est fille d’ébéniste et son père est orfèvre), Joan s’intéresse très tôt à l’art et plus particulièrement au dessin. Ses premières esquisses datent de 1901 alors que le jeune artiste n’a que huit ans. Bien que poussé par sa famille à suivre des études de commerce, le catalan s’inscrit en 1907 à la Llotja, une école supérieure d’art et de dessin dans laquelle il suit les cours du soir.
En 1911, alors qu’il travaille comme commis dans un magasin, Joan contracte le typhus. Pour son rétablissement, il est envoyé à la campagne, dans la maison familiale de Mont-Roig del Camp à Tarragone. Cette période confirme son envie de peindre. Ainsi, de retour à Barcelone, Miró poursuit-il sa formation artistique à l’académie d’art dirigée par l’artiste plasticien Francisco Galí.
En 1919, l’artiste voyage à Paris. C’est pour lui une occasion unique pour réaliser des rencontres qui auront un impact sur l’évolution de son style, décrit alors comme un expressionnisme plutôt formel aux influences cubistes et fauves. Il se laisse alors séduire par le surréalisme puis par le dadaïsme.
D’un simple voyage, le peintre décide de poser durablement ses valises dans la capitale française, revenant régulièrement dans sa Catalogne natale. Cette relation entre les deux pays se matérialise dans son célèbre tableau détailliste La Ferme, qui, initié à Mont-Roig, est achevé à Paris. Nous y retrouvons également une synthèse de l’œuvre mironienne : les animaux, les plantes, les objets quotidiens ainsi que sa fameuse calligraphie.
Son ralliement au surréalisme a lieu en 1924 alors que l’artiste croise le chemin des poètes à l’initiative du mouvement. Miró est alors en pleine réflexion personnelle, les idées avant-gardiste de ces auteurs accélérant sa transition vers une manière de créer plus épurée, plus géométrique. C’est ainsi que la même année, il signe le Manifeste du surréalisme de son ami André Breton.
Entre 1925 et 1929, son questionnement sur le sens et l’utilité de la peinture fait évoluer son activité créatrice, bien qu’il participe à la première exposition surréaliste à Paris en 1925. En parallèle, Miró participe avec Max Ernst à la réalisation des décors et des costumes du ballet Roméo et Juliette de Serge de Diaghilev. C’est également à cette période qu’il affirme vouloir « assassiner la peinture » et s’essaye à la sculpture et aux collages, comme le prouve fort bien sa Danseuse espagnole de 1928.
Les quatre années qui suivent sont celles de nouvelles recherches et d’expérimentations autour de matériaux naturels ou recyclés. Il approfondit également sa technique du collage et réalise sa série de 18 Peintures d’après collages en 1933.
La guerre civile espagnole (1936-1939) assigne de fait le peintre à résidence à Paris. La violence des événements provoque une forme de binarité dans son travail, entre violence et rêverie. Toutefois, peu à peu, son caractère heureux et ingénu refait surface et c’est vers un style plus apaisé que ce dernier retourne : un nouveau réalisme.
La guerre terminée, Joan retourne en Espagne où il achève son ensemble de 23 tableaux peints, Les Constellations (1939-1941). En 1945, un an après la mort de sa mère, Miró s’intéresse à de nouvelles expressions plastiques, parmi lesquelles la céramique (grâce à l’aide de son collaborateur Josep Llorens i Artigas), la sculpture, la gravure et le modelage.
C’est en 1960 que le créateur se remet à peindre et c’est à cette époque qu’il met au point le triptyque Bleu I, Bleu II et Bleu III. Reconnu internationalement, Miró effectue de nombreux voyages autour du monde et notamment entre le Japon et les États-Unis d’Amérique.
L’artiste s’éteint le 25 décembre 1983 à Palma de Majorque.
Hélène Kaufmant