En 1904, ayant manifesté un certain goût pour le romantisme allemand, Jean Arp se rapproche du groupe Der Stürmer, actif en littérature. Par la suite, il se forme à l’art sur les bancs de l’École des arts décoratifs de Weimar puis à Paris, à l’académie Julian. Dès 1910, Jean Arp entre en contact avec les groupes de l’avant-garde artistique européenne, notamment celui du Blaue Reiter, et commence à produire ses premières sculptures. Déjà, son style est marqué par le recours systématique à l’abstraction. C’est pendant la Première Guerre mondiale, alors qu’il se réfugie en Suisse avec sa compagne, Sophie Taeuber Arp, qu’il rencontre le poète Tristan Tzara, alors étudiant à Zurich. Avec lui et d’autres artistes rencontrés sur place, le couple va former le nouveau mouvement dada, avec pour principale conviction que l’art est un moyen de subvertir l’ordre bourgeois. En ce sens, les premières manifestations dadaïstes, à partir de 1916, témoignent d’un mouvement intellectuel, mais aussi littéraire et artistique, qui se dresse contre toute forme de fascisme, convention ou « bon goût » conventionnel. A l’ouverture du Cabaret Voltaire, lieu d’exposition des dadas, le groupe lance une revue éponyme : sur la page de couverture, le nom de la revue est dessiné par Arp, sans pour autant qu’il n’y figure sa signature. Ainsi le mouvement dada regroupe-t-il des personnalités internationales, liées par un anticonformisme révolutionnaire.
Avant l’expérience dada, les œuvres de Jean Arp étaient marquées par l’omniprésence d’une géométrie parfaite, tandis qu’à partir de 1917, elles laissent place à l’aléatoire. Par exemple, il crée une série de collages qu’il intitule Suivant les lois du hasard, laquelle regroupe des cartons sur lesquels sont collés des bouts de papier disposés de façon complètement aléatoire.