Francisco Borès : l’artiste espagnol qui a révolutionné la peinture abstraite

Francisco Borès : L’artiste espagnol oublié qui a pourtant bouleversé la peinture abstraite

Francisco Borès, né à Madrid le 6 mai 1898, est un nom qui ne résonne peut-être pas aussi fort que ceux de Picasso ou de Miró, mais son influence sur la peinture abstraite mérite d’être explorée. Cet artiste espagnol, qui s’est exilé à Paris, a su marquer la scène artistique du XXe siècle de son empreinte distinctive. Bien que Borès soit souvent resté dans l’ombre, son œuvre est profondément reconnue dans le cercle restreint des connaisseurs d’art moderne.

Un parcours atypique : De Madrid à Paris

Né dans une Espagne en pleine effervescence culturelle, Borès se tourne d’abord vers le droit avant que la peinture ne s’impose naturellement à lui. Dès 1925, il s’installe à Paris, un foyer artistique vibrant à l’époque. Ysern, un de ses proches amis de l’époque, décrivait sa transition de carrière comme « un saut dans les abysses de la créativité ».

À Paris, Borès se lie d’amitié avec des figures emblématiques telles que Juan Gris et Georges Braque. Ces relations influenceront son travail et l’encourageront à explorer de nouvelles voies artistiques. Les expérimentations de Borès s’inscrivent alors dans le mouvement post-cubiste, mais il commence à développer un style qui lui est propre, caractérisé par une abstraction unique et des couleurs vibrantes.

Un style singulier : L’abstraction réinventée

Francisco Borès n’a pas simplement suivi l’abstraction ; il l’a réinventée. Après s’être imprégné des enseignements cubistes, l’artiste opte pour une approche moins géométrique et plus fluide. Sa technique se distingue par l’emploi de courbes prononcées et de couleurs intenses, reflétant une quête de liberté et de rêve. Une de ses toiles emblématiques, Peinture, réalisée en 1935, est un excellent exemple de cette faculté à allier formes abstraites et une palette chromatique audacieuse.

En termes chiffrés, son œuvre a connu divers temps forts, notamment en 1933 lorsque l’une de ses toiles s’est vendue pour plus de 2 000 francs de l’époque lors d’une exposition à Paris, une somme considérable pour un artiste encore en pleine ascension.

Les expositions qui ont gravé son nom dans l’histoire

Bien que son nom ne soit pas aussi célèbre que ceux de ses contemporains, Borès a participé à de nombreuses expositions internationales cruciales. Sa première grande exposition personnelle se tient en 1928 à la galerie Percier à Paris. Par la suite, il expose régulièrement à la Galerie Jeanne Bucher, un espace incontournable de l’art moderne.

En 1936, il participe à la première exposition surréaliste à Londres, aux côtés de Pablo Picasso et Salvador Dalí, prouvant une fois pour toutes que son œuvre était reconnue parmi les grands noms de l’avant-garde européenne.

L’héritage de Francisco Borès

Francisco Borès s’éteint à Paris le 10 mai 1972, mais son influence persiste. L’œuvre de Borès, bien que souvent sous-évaluée, continue d’inspirer de nombreux artistes contemporains. Aujourd’hui, ses toiles figurent dans d’importantes collections, notamment celles du Musée national d’art moderne à Paris ou encore du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid.

Bien que Borès n’ait pas toujours eu la reconnaissance publique qu’il mérite, les amateurs d’art moderne savent que sa contribution à la peinture abstraite du XXe siècle est indéniable. Ses toiles continuent de susciter intérêt et admiration, et même maintenant, il reste une source d’inspiration pour tous ceux qui cherchent à repousser les limites du possible dans l’art.

En fin de compte, Francisco Borès nous rappelle que dans l’art, comme dans la vie, l’innovation peut souvent se trouver là où on l’attend le moins. Pourquoi ne pas lever le voile sur d’autres artistes oubliés qui ont peut-être, sans qu’on le sache, façonné notre perception actuelle de l’art ?